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Les États en reconquête de leur autonomie
Les États en reconquête de leur autonomie

La Presse

time15-07-2025

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Les États en reconquête de leur autonomie

Le Cloud Act « autorise les autorités américaines à accéder aux données stockées par toute entreprise américaine, même si ces données sont hébergées à l'étranger », écrit l'auteur. Les États en reconquête de leur autonomie Pour rester maître de son destin, le Québec ne peut se permettre de confier ses données aux entreprises étrangères ou de dépendre de leurs logiciels, explique l'expert Vaneck Duclair. Vaneck Duclair Expert en cybersécurité et directeur de la sécurité infonuagique chez Emyode La souveraineté numérique est en train de devenir l'un des piliers fondamentaux de la stratégie des États modernes. Dans un monde où les infrastructures critiques reposent sur des services numériques, la question du contrôle des données, des logiciels et des infrastructures prend une dimension politique, juridique et économique majeure. Entre la menace des cyberattaques, les dépendances technologiques envers des entreprises étrangères et des lois comme le Cloud Act, qui autorisent l'extraterritorialité des données, les gouvernements cherchent à reprendre le contrôle. Un champ de bataille silencieux Le numérique n'est plus un outil périphérique : c'est le système nerveux de nos sociétés. Santé, transports, éducation, fiscalité, justice : tous les secteurs reposent désormais sur des infrastructures informatiques, des logiciels et des services en ligne. Mais ces outils sont souvent développés et hébergés par des entreprises étrangères, notamment américaines. En temps normal, cela passe inaperçu. Mais en période de tension géopolitique, de cyberattaques ou de conflit économique, cette dépendance devient un point de vulnérabilité majeur. La loi qui a fait basculer la confiance C'est l'une des raisons pour lesquelles la loi américaine Cloud Act (2018) a marqué un tournant. Cette loi autorise les autorités américaines à accéder aux données stockées par toute entreprise américaine, même si ces données sont hébergées à l'étranger. Cela signifie concrètement que les données de l'État québécois, hébergées chez Microsoft Canada, peuvent être réclamées par le FBI ou la NSA. Une absurdité juridique, mais une réalité technique. Cette prise de conscience a incité plusieurs pays à agir. Le Québec, la France, l'Allemagne, le Danemark : les pionniers Au Québec, le gouvernement a lancé en 2023 le Nuage gouvernemental du Québec (NGQ) : une infrastructure infonuagique (cloud) sécurisée, interne, centralisée, destinée à accueillir les systèmes informatiques des ministères et organismes publics. Objectifs : sécurité, mutualisation des coûts et indépendance. En France, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) a mis en place le label SecNumCloud, qui oblige les fournisseurs infonuagiques à ne pas être soumis à une juridiction extraterritoriale. Résultat : les géants américains sont exclus des services critiques. En Allemagne, le projet Gaia-X vise à construire une infrastructure numérique européenne fédérée, interopérable, souveraine et sécurisée. Au Danemark, l'État a décidé en 2024 de migrer vers des logiciels libres (open source) dans l'administration, notamment pour des raisons de transparence, de coût et de souveraineté. Cybersécurité, économie et démocratie Ce virage vers la souveraineté numérique n'est pas qu'une affaire technique. Il touche à trois dimensions majeures : Cybersécurité : en ayant la maîtrise de ses systèmes, un État peut mieux se défendre contre les cyberattaques. Économie : en réduisant les paiements de licences logicielles aux GAFAM, les États peuvent réinvestir dans l'innovation locale. Démocratie : garantir que les données des citoyens ne soient pas exploitées à leur insu par des puissances étrangères ou des algorithmes opaques, c'est défendre leur souveraineté individuelle. La souveraineté numérique n'est pas un luxe. C'est une condition pour rester maître de son destin. Les États qui l'ont compris ne cherchent pas à se couper du monde, mais à remettre la main sur des outils devenus trop critiques pour être externalisés sans condition. Le Québec, comme d'autres, trace une voie possible. Encore faut-il que la volonté politique soit constante, que les compétences locales soient valorisées et que la stratégie soit inscrite dans le long terme. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

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